Ce livre est-il l’émanation d’un langage artistique ou le travail d’un artisan ayant intégré les attendus du procès qu’intenta Constantin Brancusi contre les États-unis ?

Alors qu’il se rend à New-York pour exposer ses œuvres à la galerie Brummer, le sculpteur Brancusi est sommé par la douane étasunienne de s’acquitter de la somme de quatre mille dollars au motif d’importation de produits industriels. Voici l’origine d’une célèbre controverse et l’objet d’un livre étonnant qui interroge sur la notion d’art à travers LA question d’un tribunal : Oiseau dans l’espace peut-elle être reconnue, non comme ouvrage, mais comme œuvre à part entière ?

Avec une élégance qui rappelle certaines compositions de François Avril et un sens affirmé de l’expression des couleurs qui vont ici jusqu’à se substituer au trait, l’illustrateur Arnaud Nebbache signe une première bande dessinée sensationnelle. Non seulement il réussit à rendre le récit judiciaire aussi passionnant qu’un thriller, mais surtout, comme s’il s’agissait d’un manifeste, il entre en matière en jetant de l’huile sur un feu qui ronge encore l’image de cette bd que nous aimons et passons notre vie à défendre, suggérant en filigrane sa potentialité artistique malgré la réputation de divertissement qui la poursuit.